Une visite inattendue
Ce jour là, j’ai été tellement fatigué et je
n’ai pas eu envie d’aller travailler. En plus c’était le 5 septembre, le jour
de la fête des professeurs. J’ai imaginé ce qui va se passer à l’école. Les étudiants qui me souhaitent « Bonne Fête »,
les programmes qu’ils donnent pour les professeurs, la réunion des professeurs,
et un cadeau de la part du directeur etc. Le même que l’année dernière, tout va
répéter une fois de plus. Rien ne m’a intéressé. Je me suis couchée sur mon canapé
en regardant la télé- un jour pour me reposer.
Vers 10h mon téléphone a sonné.
C’était Harini, une fille de ma classe, 4 ans avant.
-Madame, est-ce que je peux vous rendre une visite
aujourd’hui ?
Jais répondu spontanément –« Pas aujourd’hui, peut-être
le week-end »
-Je veux vous donner seulement une carte. C’est tout.
Je ne voulais pas l’insulter. Je lui ai dit ‘oui’.
Le rendez-vous, c’était fixé à 5h.
Vers 4h, encore un coup de telephone. C’était deux autres filles, Srimathy et
Sujitha de la même classe que Harini. Elles voulaient passer me voir…
Tout à coup, je me suis souvenue de cette classe que j’aimais
beaucoup. Ma première année comme une prof- l’enthousiasme que j’ai eu, la
bonne relation que j’avais établi avec mes étudiants, les initiatives et les
sacrifices.
J’ai aussi réalisé que je n’ai pas été la même qu’avant.
J’ai changé et j’ai trouvé que mon métier est devenu mécanique et monotone.
Ma maison était en désordre. Je ne voulais pas me
fatiguer plus en rangeant tout ça. J’ai vite pris une douche et j’attendais les filles.
Finalement, elles sont venues avec les cadeaux et les
cartes. Elles voulaient tout simplement me dire qu’elles m’aiment beaucoup et
j’étais une prof sur qui elles peuvent compter, quand elles perdaient leur
chemin.
Je n’ai pas eu grand-chose à leur offrir. « Madame,
j’aimerais un thé » demandait Srimathy. On était bien content avec
quelques biscuits et du thé. Elles ont grandi, presque devenues des femmes. Je me
suis senti fière qu’elles soient devenues responsables et positives et
aimables. Elles ont tous trouvé leur propre voie vers dieu et le bonheur.
J’ai regretté de n’avoir pas préparé un bon repas pour elles et de
n’avoir rien à leur donner comme cadeau.
« On peut manger ensemble un jour » la voix de
mon mari me soulageait un peu.
Mais pour elles, rien n’était plus important que me voir,
me parler, passer avec moi autant de temps possible.
Harini a quitté vers 7h et les autres vers 9h. On a bien rigolé, on
s’est bien amusés sans prétentions, sans barrières.
Quand j’étais seule, j’ai lu les cartes qu’elles m’ont données.
Les paroles m’ont touché profondément. J’ai réalisé la noblesse de mon métier,
l’impression qu’on laisse sur une autre personne. Quelle bonne récompense pour
les petites choses qu’on fait, les mots d’encouragement, quelques conseils, les
réconforts, les corrigés- toutes les choses qu’elles gardent encore comme de
bons souvenirs et des trésors. Bien sûr, un prof a la chance d’influencer et toucher et
transformer leurs étudiants et les dirigent dans une voie vers le bonheur.
Dans la carte Harini a écrit ces mots. « Vous ne m’avez pas enseigné comment ne pas tomber, mais comment
me lever si je tombe ; vous ne m’avez pas enseigné comment voler dans l’air mais
comment marcher avec mes pieds touchant la terre ; vous m’avez pas enseigné comment conquérir, mais comment
battre…Madame, vous ne savez pas combien de bien faits vous pourrez faire pour
les autres en étant qui vous êtes. »
Je n’ai aucune idée à quel point je les ai encouragées, mais je sais que ce
sont ces mots qui m’encouragent à continuer mon métier avec joie et confiance.
On est seulement un fermier qui sème les germes. La récolte, c’est sûr.
J’ai pensé à mes élèves de cette année. Un nouveau regarde, un nouvel
espoir.
Rien n’est nouveau, mais tout a changé.
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